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A bord du canot, le chef de l'expédition espagnole est assis sous un dais qui l'abrite du soleil. Autour de lui, est réunie sa suite : hommes, femmes et enfants. Il vient du Yucatán commercer avec les barbares de la côte et des îles. Des esclaves, la corde au coup pagaient en mesure. Au fond du bateau s'amoncellent les ballots de marchandises pleins de vêtements de coton aux couleurs vives, de couteaux de silex, d'épées de bois dur aux bords incrustés de lames tranchantes, qui constituent la monnaie d'échanges. Au pieds du chef, le trésor de la cargaison : cosses de cacao, petites haches et grelots de cuivre. |
Ce ne sont pas des conquérants qui mettent pied sur "Mayathan", mais les rescapés d'un naufrage survenu au large de la Jamaïque. Ils débarquent dans un état lamentable, sur une plage du Yucatán, face à l'île de Cozumel. Voilà treize jours qu'ils décrivent dans un canot sans voiles ni vivres. Ils ont vu mourir de faim et de soif la moitié de leurs compagnons. A peine ont-ils touché la grève qu'ils sont accueillis par une troupe d'Indiens qui remercient le ciel de leur envoyer - sans qu'ils aient même à aller chercher - des victimes pour leurs sacrifices. Victimes peu reluisantes, il est vrai, mais d'une espèce si étrange... que les dieux devraient apprécier. La moitié des naufragés périt, la poitrine ouverte et le coeur arraché, sur l'autel. Les autres sont mis en cage. Destinés à être sacrifiés à la prochaine fête, les prisonniers sont gavés pour reprendre l'embonpoint perdu ces dernières semaines. Deux d'entre eux survivront : Aguilar deviendra l'esclave d'un chef qui l'épargnera, en considération de son zèle à le servir. Guerrero, dans une autre tribu, deviendra, lui capitaine de guerre, se mariera, aura une famille et s'assimilera complètement. |
Après avoir rapidement exterminé ou réduit en esclavage la population de Cuba et d'Hispaniola (que se partagent aujourd'hui les Etats de Haïti et de Saint Domingue), les Européens ont fait de ces îles des têtes de pont solides, à partir desquelles ils ont lancé des expéditions de découverte. L'expédition de Hernández de Córdoba, en 1517, est l'un de ces raids. Córdoba part chercher des esclaves - qui commençaient déjà à manquer dans les îles - et aussi, qui sait, de l'or. Il se dirige vers l'ouest et débarque sur une île qui comme Cozumel, est toute proche de la côte nord-est du Yucatán. Là, les Espagnols sont stupéfaits de rencontrer la civilisation, sous la forme d'édifices construits en dur, qui contrastent avec les simples huttes des Caraïbes. Parce qu'ils visitent des temples qui abritent nombre d'idoles féminines, ils la baptisent "île des Femmes". Ils mettent la main sur quelques objets d'or, qui fourniront le prétexte à de futures expéditions. Puis Córdoba lève l'ancre, longe la côte vers le nord et contourne la péninsule jusqu'à sa bas, où se trouve la ville de Champotón. A terre, les Espagnols sont férocement attaqués par les Mayas. Recourant aux grands moyens, Córdoba fait donner l'artillerie du navire. Après ce baptème du feu - on imagine la terreur qu'ils ont dû vaincre -, les Mayas se ressaisissent et infligent de lourdes pertes à leur adversaires. Córdoba lui-même mourra peu après, à Cuba, des suites de trente-trois blessures reçues pendant la bataille. |
Au cours du voyage, les Européens entendent parler, pour la première fois, de la richesse et de la puissance des Aztèques. Après cinq mois de croisière, la flotille retourne à Cuba. De plus en plus désireux de conquérir le pays Maya, les Espagnols investissent dans des expéditions chaque fois plus importantes. Herman Córtés appareille le 18 Février 1519 avec 11 vaisseaux, 508 hommes et 6 chevaux. A Cozumel, il apprend l'existence d'hommes barbus à six jours de là. Un message leur est renvoyé, mais n'ayant pas de réponse au bout de six jours, Cortès décide de repartir. Il doit rapidement revenir au port pour réparer une coque qui fait eau. Alors arrive Aguilar, pleurant de joie et rendant grâce à Dieu. Son premier souci est de savoir si l'on est bien mercredi : pendant huit ans, il a tenu le compte des jours du calendrier chrétien ! Guerrero, lui, refusa d'abandonner sa nouvelle famille et sa tribu d'adoption. |