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En 1956, ils reçoivent la soumission de Tutul Xiu, qu'ils convertissent. Tutul Xiu est la plus
puissante unité politique du nord du Yucatán. Les princes de la moitié ouest de la péninsule suivent
son exemple. Il ne reste plus qu'à pacifier les provinces rebelles de l'est; c'est l'affaire de quelques
mois et de nombreuses batailles.
Pendant la conquête et au cours de la colonisation du pays, les Espagnols qui, à l'époque,
s'intéressent aux Mayas et à leur civilisation sont surtout des religieux. Les premiers franciscains
débarquent en 1535. Pour amener rapidement les indigènes à la vraie foi, ils doivent élimine chez leurs
ouailles tout ce qui pourrait les détourner du chemin qui conduit à Dieu. Ce ne sont pas seulement les
idoles que l'on brise, les temples que l'on brûle, les rites et les sacrifices que l'on punit de mort.
Les réjouissances telles que banquets, chants ou danses, les activités artistiques ou intellectuelles
(peinture, sculpture, observation des astres, écriture hiéroglyphique), soupçonnées d'être inspirées par
le Démon, sont systématiquement interdites et leurs auteurs ou participants impitoyablement pourchassés.
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La figure de Diego de Landa, le premier évêque du Yucatán, se détache nettement du petit groupe
des chroniqueurs. Sa Relacion de las cosas de Yucatán (Relation des choses Yucatàn) est notre plus
complète source d'informations sur les Mayas du il siècle. Même si l'homme d'église et Inquisiteur
qu'il est dénonce avec la plus grande vigueur bon nombre des pratiques mayas, son jugement n'est pas
globalement négatif. Landa exprime souvent son admiration pour la civilisation maya, pour ces gens qui
font montre de vertus chrétiennes comme le courage, la volonté, la tempérance, l'entraide. Ce ne sont
pas des sauvages, constate t-il, mais des civilisés, qui soignent bien leurs champs, plantent des 10
arbres, construisent de belles maisons au toit couvert de paille et des villes éclatantes de blancheur.
Au centre de ces villes, on trouve les temples et leurs vastes parvis; tout
autour sont les maisons des seigneurs et des prêtres, puis celles des gens importants.
A la périphérie, enfin, vivent les gens du commun.
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Plus grandes et plus belles encore sont les cités en ruine que visite Landa. Il remarque que
"bien que ce pays soit un bon pays, il n'est plus maintenant ce qu'il était au temps de sa prospérité,
quand tant de remarquables édifices étaient construits". A Izamal, l'un de ces édifices attire
spécialement son attention, et il accompagne sa description d'un croquis commenté. A Tihoo
(sur laquelle on fondera en 1542 la ville de Mérida), il dessine le plan sommaire d'un ensemble
architectural qui rappelle le "Quadrilatère des nonnes" d'Uxmal.
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Outre les édifices, il y a les stèles gravées d'inscriptions, comme celles qu'il admire à Mayapan,
cent vingt ans après l'abandon de cette ville. Chichén Itzá est décrit aussi, avec ses principaux
monuments, y compris le fameux Cenote des sacrifices. Etonné par la quantité de ces ruines, Landa
s'interroge, et formule diverses hypothèses : peut-être les chefs cherchaient-ils à
occuper leurs sujets. Ou bien était-ce une façon d'adorer leurs dieux ? Peut-être encore
les villes changeaient-elles souvent d'emplacement. Enfin, l'abondance et l'excellence des
matériaux rendaient sans doute la tâche plus aisée aux bâtisseurs.
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Les Indiens qu'il interroge
à propos des stèles qu'on peut voir à Dzilán, une ville de la côte, savent encore qu' " ils avaient
la coutume de dresser une de ces pierres tous les vingt ans, ce qui est le nombre qu'ils utilisent pour
compter leurs cycles". En revanche, à Izamal, on ne sait plus qui a construit les onze ou douze
bâtiments les plus remarquables. Avec beaucoup de bon sens, Landa estime qu'ils n'ont pu être
construits que par les Mayas eux-mêmes : "Ce sont bien eux, observe-t-il, que l'on reconnaît sur
les sculptures représentant des hommes vêtus d'un simple pagne et de divers ornements ".
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