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Contrairement aux instructions de la couronne, le capitaine Mirones obtient la permission du gouverneur
du Yucatán de monter une expédition contre les Itzás. Il s'installe dans un village à mi-chemin
de Mérida et de Tayasal et rassemble les forces nécessaires. Mais les mauvais traitements qu'il inflige
aux indigènes causent sa perte et celle de ses compagnons : pendant la messe, les Indiens font irruption
dans l'église, arrachent le coeur de tous les Espagnols, mettent le feu au village et s'évanouissent dans
la nature.
Ces échecs vont décourager toute nouvelle entreprise pendant soixante-dix ans. En 1692, Martin de Ursùa,
le nouveau gouverneur du Yucatàn, comprend que la force des Itzàs réside dans leur isolement qu'il faut
briser si l'on veut amener les Indiens à la raison et à la foi. Aussi fait-il construire une route qui,
partant de Cauich (Campeche), doit aboutir au lac Petén Itzà. Bien avant qu'elle ne soit terminée, le
père Avendano l'emprunte, fait le reste du chemin à travers la forêt et, en janvier 1696, arrive au lac.
Une fois encore, on demande à Canek et à ses conseillers de prêter allégeance à la couronne d'Espagne
et de se convertir. Après en avoir délibéré, les Mayas rendent leur réponse :
d'après leurs prophéties, le temps n'est pas encore venu d'abandonner leurs dieux.
"Revenez dans quatre mois, nous verrons alors..." Au retour,
Avendaño et ses compagnons cherchent à retrouver la route nouvellement tracée, se perdent,
errent dans la forêt pendant des semaines et c'est à demi morts de faim et de fatigue qu'ils
découvrent des édifices en ruine.
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Malgré sa faiblesse, le père escalade des pyramides et observe des résidences "ressemblant à un couvent
avec de petits cloîtres et beaucoup de pièces pour y habiter, toutes couvertes, entourées d'une
terrasse et badigeonnées de chaux". Les ruines qu'il décrit pourraient être celles de Tikal.
La même année, une petite expédition qui descend l'Usumacinta découvre une grande cité en ruine,
que l'on désignera plus tard du nom de Yaxchilan.
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En janvier 1696, deux détachements militaires envoyés au lac doivent battre en retraite face à
l'hostilité des Indiens. Il paraît maintenant évident que seul un déploiement de forces pourra
réduire les Itzàs à merci. Pendant plus d'un an, les Espagnols préparent l'assaut final. A la
troupe se joignent des charpentiers qui construisent une galère et une pirogue pour amener les
soldats jusqu'à l'île. La ville est prise le 13 mars en début de matinée; saisis de panique en
entendant les détonations, les habitants se jettent en masse dans le lac, qu'ils tentent de
traverser à la nage. Les Espagnols passeront la journée à briser les idoles dans une ville déserte.
Le soir, Ursùa désignera l'emplacement de la future église : sur les ruines du grand temple.
Deux siècles après la découverte du continent par Christophe Colomb, la conquête du pays maya était
achevée.
Cette longue et difficile conquête ne laissait pas aux Espagnols beaucoup de loisirs pour rechercher
les vestiges du passé et s'intéresser à leur signification. Cortés est passé à côté de ruines
importantes, sans en soupçonner l'existence. Pour Avendaño, comme pour le
découvreur de Yaxchilan, ces rencontres sont fortuites, isolées, sans conséquences.
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Les récits des découvreurs de ruines de cette époque sont longtemps restés lettre morte et n'ont été
exhumés que des siècles plus tard. il en fut de même pour le bel et intéressant rapport sur les ruines
de Copán (Honduras) par Diego de Palacio, juge de la cour suprême du Guatemala, daté de 1576. Bien
que ce rapport ait été adressé au roi d'Espagne, les ruines qui en font l'objet resteront encore
cachées pendant deux siècles et demi.