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En 1622, le père Delgado arrive à Tayasal en compagnie de 80 Indiens convertis. Ils sont joyeusement accueillis... et sacrifiés sur-le-champ


Contrairement aux instructions de la couronne, le capitaine Mirones obtient la permission du gouverneur du Yucatán de monter une expédition contre les Itzás. Il s'installe dans un village à mi-chemin de Mérida et de Tayasal et rassemble les forces nécessaires. Mais les mauvais traitements qu'il inflige aux indigènes causent sa perte et celle de ses compagnons : pendant la messe, les Indiens font irruption dans l'église, arrachent le coeur de tous les Espagnols, mettent le feu au village et s'évanouissent dans la nature.

Ces échecs vont décourager toute nouvelle entreprise pendant soixante-dix ans. En 1692, Martin de Ursùa, le nouveau gouverneur du Yucatàn, comprend que la force des Itzàs réside dans leur isolement qu'il faut briser si l'on veut amener les Indiens à la raison et à la foi. Aussi fait-il construire une route qui, partant de Cauich (Campeche), doit aboutir au lac Petén Itzà. Bien avant qu'elle ne soit terminée, le père Avendano l'emprunte, fait le reste du chemin à travers la forêt et, en janvier 1696, arrive au lac. Une fois encore, on demande à Canek et à ses conseillers de prêter allégeance à la couronne d'Espagne et de se convertir. Après en avoir délibéré, les Mayas rendent leur réponse : d'après leurs prophéties, le temps n'est pas encore venu d'abandonner leurs dieux. "Revenez dans quatre mois, nous verrons alors..." Au retour, Avendaño et ses compagnons cherchent à retrouver la route nouvellement tracée, se perdent, errent dans la forêt pendant des semaines et c'est à demi morts de faim et de fatigue qu'ils découvrent des édifices en ruine.

Malgré sa faiblesse, le père escalade des pyramides et observe des résidences "ressemblant à un couvent avec de petits cloîtres et beaucoup de pièces pour y habiter, toutes couvertes, entourées d'une terrasse et badigeonnées de chaux". Les ruines qu'il décrit pourraient être celles de Tikal. La même année, une petite expédition qui descend l'Usumacinta découvre une grande cité en ruine, que l'on désignera plus tard du nom de Yaxchilan.

Pour en finir avec la résistance des Itzas, le gouverneur Ursua décide
d'employer les grands moyens

En janvier 1696, deux détachements militaires envoyés au lac doivent battre en retraite face à l'hostilité des Indiens. Il paraît maintenant évident que seul un déploiement de forces pourra réduire les Itzàs à merci. Pendant plus d'un an, les Espagnols préparent l'assaut final. A la troupe se joignent des charpentiers qui construisent une galère et une pirogue pour amener les soldats jusqu'à l'île. La ville est prise le 13 mars en début de matinée; saisis de panique en entendant les détonations, les habitants se jettent en masse dans le lac, qu'ils tentent de traverser à la nage. Les Espagnols passeront la journée à briser les idoles dans une ville déserte. Le soir, Ursùa désignera l'emplacement de la future église : sur les ruines du grand temple. Deux siècles après la découverte du continent par Christophe Colomb, la conquête du pays maya était achevée. Cette longue et difficile conquête ne laissait pas aux Espagnols beaucoup de loisirs pour rechercher les vestiges du passé et s'intéresser à leur signification. Cortés est passé à côté de ruines importantes, sans en soupçonner l'existence. Pour Avendaño, comme pour le découvreur de Yaxchilan, ces rencontres sont fortuites, isolées, sans conséquences.

Les récits des découvreurs de ruines de cette époque sont longtemps restés lettre morte et n'ont été exhumés que des siècles plus tard. il en fut de même pour le bel et intéressant rapport sur les ruines de Copán (Honduras) par Diego de Palacio, juge de la cour suprême du Guatemala, daté de 1576. Bien que ce rapport ait été adressé au roi d'Espagne, les ruines qui en font l'objet resteront encore cachées pendant deux siècles et demi.