C'est seulement en 1828 que le Français Henri Baradère obtient du gouvernement mexicain la cession
de ces documents. Il faudra attendre 1830 pour voir dans un des volumes publiés par lord Kirfgsborough
la parution du récit des voyages de Dupaix.
|
|
En 1834, les deux gros volumes des Antiquités mexicaines sortent de l'imprimerie Firmin-Didot Frères à
Paris. Dans cette publication, tout à fait caractéristique de l'époque le récit de Dupaix apparaît
surtout comme un prétexte aux réflexions d'intellectuels distingués; ainsi Alexandre Lenoir (archéologue
et grand spécialiste des monuments français, dont il fit un musée) écrit à cette occasion
son Parallèle des anciens monuments mexicains avec ceux de l'Égypte, de l'Inde et du reste de
l'Ancien Monde, tandis que Charles Farcy publie son Discours sur les deux questions proposées
au Congrès historique européen, savoir : discuter et établir la valeur des documents relatifs à
l'histoire de l'Amérique et déterminer s'il existe des rapports entre les langues des différentes
tribus de l'Amérique et celles des tribus de l'Afrique et de l'Asie. Il est plaisant d'observer que
le monde savant ne parvient pas à se dégager de la culture classique alors que des esprits plus simples,
moins cultivés, font montre de plus de bon sens. Ainsi Dupaix lui-même est-il un des premiers de son
époque à concevoir une civilisation américaine originale.
Fils de comédiens, avide d'aventures et d'exotisme, Juán Galindo quitte son Irlande natale
pour l'Amérique à l'âge de seize ans
|
En 1827, Galindo est au Guatemala, au service de la Fédération centre-américaine, qui a bien du mal
à s'imposer à ses Etats membres. Nommé colonel, il devient gouverneur militaire du Petén et C'est
dans le cadre de cette fonction qu'il réalise, en 1831, un voyage de reconnaissance à Palenque.
La même année le trouve visitant les ruines de l'île Topoxté sur le lac Yaxha; en 1834, enfin, il
arrive à Copán pour un mois. Il décrit les monuments restés debout et en fait des croquis;
il dresse un plan du site et une carte de la région, entreprend quelques fouilles, notamment celle
d'une tombe voûtée. Galindo observe, comme l'avait fait Landa près de deux siècles auparavant, quelle
costume des personnages modelés ou sculptés dans les ruines n'est pas différent de celui des gens du pays.
|
Aussi en conclut-il que les bâtisseurs des anciennes cités étaient des Indiens de même race que les
Indiens modernes. Mais, poursuit-il, ils étaient sans doute antérieurs aux Aztèques, car si Aztèques
et Mayas avaient été contemporains les premiers n'auraient pas manqué d'emprunter aux seconds leur
écriture hiéroglyphique, qu'ils étaient seuls à posséder en Amérique. A cette époque, la Société de
géographie de Paris jouit d'un prestige considérable, et voyageurs et explorateurs du monde entier lui expédient
des lettres qu'ils espèrent voir publiées dans le bulletin de la Société. Ainsi Galindo en a-t-il envoyé
trente-deux, dont un grand nombre a paru. Il a en outre rédigé des rapports sur chacun des pays
d'Amérique centrale, et dessiné des cartes. Celle qu'il a consacrée à la Centre Amérique a été
récompensée par une médaille d'argent... que la Société n'a jamais pu lui remettre : après la défaite
des troupes fédérales auxquelles il appartenait, Galindo tenta, en pleine guerre civile, de s'échapper
en compagnie de deux dragons et d'un domestique. Mais, en traversant un village, il fut reconnu et les
quatre hommes massacrés à coups de machette. Il avait trente-huit ans.
Dans l'histoire de la découverte des Mayas, le comte Jean-Frédéric Maximilien de Waldeck est
le premier grand artiste et le dernier grand aventurier
Waldeck en impose par sa taille et sa carrure, et parle d'une voix sonore et décidée, dont il sait user.
Il sait qu'il est un merveilleux conteur et en société il cherche toujours, et parvient souvent, à
attirer l'attention de plusieurs femmes à la fois. Cheveux et barbe blancs, il paraît 70 ans
et en avoue 102. D'origine autrichienne, il est né à Vienne... ou à Prague selon certains.
Artiste de talent, il ne manque pas de métier et se fait fort d'avoir étudié la peinture à Paris dans
l'atelier de David (ou ne serait-ce pas dans celui de Pierre Prud'hon ?). A moins encore que ce ne soit
à Berlin. Et d'ailleurs a-t-il seulement eu le temps d'étudier ? Car cet homme a beaucoup et intensément
vécu.
|
|
On l'a surpris à confier d'un air malicieux à une jolie femme qu'il avait connu quarante deux révolutions.
En 1785, il s'embarque jusqu'au Cap avec le voyageur Levaillant et explore l'Afrique du sud. Le métier
des armes ne lui est pas étranger. Il s'engage comme volontaire dans la Campagne d'Italie et participe
au siège de Toulon.
|